Parmi les rencontres plaisantes que l'on fait sur les salons du livre, je ne peux résister au plaisir de vous présenter Anna Sam.
Petite, Anna voulait travailler dans l'édition. Après un DEA de littérature française, la vie s'est arrangée autrement. Pour travailler, elle a accepté de devenir caissière ("hôtesse de caisse") dans "son" Leclerc, à Rennes. Mais Anna n'a ni les yeux, ni la langue dans sa poche. Fine observatrice, elle croque au vitriol des portraits de ce qui l'entoure (clients, "petits chefs", comportements conditionnés...).
Elle lance son blog "caissière no futur" et là, c'est le carton !
Plusieurs milliers de connexions par jour et un livre, publié chez Stock : "Les tribulations d'une caissière". 100 000 exemplaires vendus (et ça n'est pas fini) et tous les plateaux TV rien que pour elle - même Michel Drucker ! Anna, c'est la revanche faite femme, l'humour en plus. Non, sa vie n'est pas un conte de fées ! Elle prouve que lorsque l'on suit son idée en continuant d'y croire, on y arrive. N'oubliez jamais cela, jeunes filles : l'intelligence paye toujours ! (ça c'est mon côté Elisabeth Badinter).
Alors, confidente ou révélatrice d'une tranche de la population que nous ignorons (et qui se découvre enfin) ? Anna a ses adoratrices - et elle le vaut bien ! Pas bégueule malgré son succès, elle continue à oeuvrer pour une catégorie professionnelle sous-estimée.
Aujourd'hui Anna est consultante pour la grande distribution, et attachée à une meilleure formation (et respect) de nos caissières. Elle a beaucoup à transmettre.
Je retrouve dans ses propos les grands traits du stress des femmes, condensés dans un groupe social "transparent" pour le reste de la population :
- rapport au temps, agissant comme un stresseur objectif (ah les amplitudes horaires, le temps décalé et le travail le dimanche !)
- perte d'estime de soi (le célèbre "si tu travailles mal à l'école, tu finiras comme la dame"!)
- relations tendues avec les collègues ou la hiérarchie
- difficultés à maîtriser les émotions (notamment la colère), dans un milieu exposé à la relation-client...
Nos hôtesses de caisse, qui ont des pauses de 8 minutes 12, peuvent-elles se payer le luxe de se détendre? J'ose affirmer que oui !
Pour terminer sur une petite note d'humour, je ne résiste pas au tube d'Elmer Food Beat (désolé, j'écoutais ça quand j'avais 20 ans!!) La Caissière de chez Leclerc (Anna, j'ai cru comprendre que tu envisageais d'écrire des textes érotiques : c'est le moment !).
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