Nous avons vu récemment qu'un parent stressé avait de bonnes chances de "transmettre" ce stress à son enfant, par imitation, voire contagion.
Une autre piste doit être envisagée : tout parent peut être un stresseur (une cause de stress) pour son enfant, lorsqu'il lui met exagérément la pression.
Au royaume de la performance, l’enfant est roi.
Puisque l’enfant a tous les savoirs à sa disposition, autant qu’il en profite et acquière le maximum de données. C’est en tout cas ce que pensent certains parents. Il faut dire que les spécialistes du « tout se joue avant 6 ans » (ou avant deux ans, ou avant 3 mois...) confortent ces super-éducateurs dans l’urgence d’agir vite. Et de multiplier les activités, au cas où le tout-petit révèle des dons précoces dans une matière inexplorée. Dès le jardin d’enfant les cours de langues, musique, maths...pullulent, à la plus grande satisfaction des parents.(...)
Les parents qui craignent pour leur emploi s’illusionnent en imposant au plus tôt une réussite visible (et mesurable) à leur enfant, dans le fol espoir que ces succès précoces les immunisent contre les aléas du monde du travail.
L’excès de perfectionnisme engendre une insatisfaction permanente : « 16 c’est bien, mais 18 c’est mieux... » ou de rapides comparaisons « Céline, elle, elle a eu 19 » quand ce n’est pas à l’intérieur de la fratrie « A ton âge, ta sœur connaissait tout son alphabet sans se tromper, elle ». Il est parfois sous-tendu par l’idée que l’enfant réagira par orgueil.
Les enfants reprennent vite à leur compte cette pression. Ils intègrent le culte de l’exigence imposé par leurs parents. Certains enseignants notent l’angoisse d’un élève de 5° à l’idée d’être orienté, ou l’inquiétude d’une écolière de CM2 à l’idée de se retrouver dans une « mauvaise classe », celle où l’on met les cancres.
Paradoxalement, ces contraintes sont propices au décrochage scolaire, au « drop-out [1]», qui font que, finalement découragé, l’enfant va se censurer et s’interdire d’aller plus loin, persuadé qu’il ne peut franchir un seuil qui ne cesse d’augmenter.
A force de placer la barre trop haut, elle pourrait bien tomber sur la tête de votre enfant...(...)
Extrait de "Au secours, mon enfant est stressé" - Chapitre 4 - Comment me positionner en tant que parent ?
[1] La tendance à « laisser tomber » qui peut aller jusqu’à l’empêchement de poursuivre des études.
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